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L’Inde au-delà des clichés : mon voyage dans un monde de contrastes

Seule ou entre femmes, j’ai exploré l’Inde entre émerveillement, prudence et liberté.


Le Taj Mahal
Le Taj Mahal
L’Inde a longtemps été un rêve pour moi. Un rêve ancien, presque silencieux, tapi quelque part dans un coin de mon cœur. J’en rêvais depuis des lustres… mais sans jamais oser. Plus jeune, ce n’était tout simplement pas possible. Un tel voyage coûtait cher, et ce genre d’aventure semblait réservé à d’autres. Puis la vie a déroulé son fil : les enfants, un mariage, le travail, les responsabilités. Et quand enfin les moyens sont arrivés, les choix de voyage se faisaient à plusieurs… et l’Inde ne figurait jamais en haut de la liste familiale. Soit. J’ai mis ce rêve de côté, sans amertume, mais sans l’oublier non plus. J’ai longtemps hésité à voyager seule. À part la Thaïlande, où je me sentais en terrain connu, je n’avais jamais osé partir seule dans un pays inconnu. Et puis un jour, presque par hasard, tout a changé. Je me souviens très bien de ce moment. J’ai dit à mon mari, d’un ton léger : « J’aimerais faire la route du thé au Sri Lanka. »Sa réponse ? Franche, directe : « Moi, ça ne m’intéresse pas des masses. » Sur le moment, j’ai soufflé. Mais une pensée est restée : Et pourquoi pas ? Pourquoi ne pas réaliser mes rêves, même si je dois y aller seule ? Et me voilà, quelques semaines plus tard, embarquée pour 10 jours au Sri Lanka. J’y ai découvert des plantations de thé à perte de vue, des parfums d’épices à couper le souffle, des paysages sublimes et une culture vibrante. J’ai aussi été surprise, un peu secouée : il y avait des hommes partout. Les femmes, elles, étaient rares dans l’espace public. Rien à voir avec la Thaïlande, où leur présence est partout, forte, visible. Cette absence m’a marquée, mais n’a en rien gâché la beauté de l’expérience. Ce fut mon premier grand voyage en solo. Et puis, sur mon chemin personnel, au fil de ma pratique du yoga, quelque chose est devenu une évidence. L’Inde. Elle m’appelait. Plus comme un rêve lointain, mais comme une étape nécessaire. Une rencontre. Une réponse à une quête. Cette fois, je n’ai pas demandé. Je suis partie.
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 Le départ

Me voilà dans l’avion, direction New Delhi. Le cœur battant, les yeux grands ouverts, entre excitation et vertige. Un mélange de fierté et de doutes. Et dans ma tête, une cacophonie : pas celle du moteur ou des annonces en plusieurs langues, non. Celle des voix de mes proches. Toutes ces petites phrases qu’on m’a servies, encore et encore, dès que j’ai annoncé que je partais seule en Inde : « Tu vas en Inde ? Seule ? T’es folle. »« C’est sale là-bas, tu vas forcément tomber malade. »« Tu sais qu’il y a des gens qui en reviennent traumatisés ? »« Fais attention, les femmes se font agresser là-bas. »
Et cette dernière, qui me revient en boucle comme un refrain absurde :« Il y a des gens qui deviennent fous après un voyage en Inde. »
Incroyable, non ?
Si j’avais écouté toutes ces voix.....bienveillantes, certes, mais empreintes de peurs, de projections, de préjugés, je ne serais jamais montée dans cet avion. Jamais.
Heureusement, il y a eu la voix de mon mari, calme et simple, qui m’a dit :« Tu en rêves depuis si longtemps. Va. » Il m’a laissée partir avec confiance, sans peur, sans drame. Et ça, ça m’a portée plus que je ne saurais le dire. Alors oui, je pars seule. Oui, en Inde. Et non, je ne suis pas folle. Je suis juste prête.
Arrivée Delhi
Arrivée Delhi

Arrivée à Delhi

L’aéroport de Delhi ? Franchement, pas si dépaysant. À vrai dire, il ressemble à n’importe quel aéroport international. Moderne, climatisé, bien organisé. Rien à voir avec l’image chaotique que j’avais pu me faire. Il y a même bien moins de monde qu’à Bangkok. Tout se passe calmement, presque trop facilement. Je suis un peu surprise… presque déçue ? Mais une fois dehors… ah là, oui. Là, c’est autre chose. L’air est épais, chargé, presque visible. La pollution, c’est la première chose qui me frappe. Une odeur particulière, un voile sur le ciel, une sensation étrange dans les poumons. Et en même temps, cette vie partout, ce tumulte coloré, cette vibration que je sens immédiatement sous la peau. Je retrouve mon chauffeur sans difficulté. Pour cette première en Inde, j’ai préféré jouer la carte de la sécurité : un taxi réservé à l’avance, direction Rishikesh. Vous allez me dire, c’est une Inde douce que je choisis. C’est vrai. Je viens pour une formation de yoga, pas pour l’aventure extrême. Mais chacun son rythme. Une fois dans la voiture, alors que nous quittons Delhi pour nous enfoncer lentement vers le nord, quelque chose se passe en moi. Une prise de conscience. Je regarde par la fenêtre les scènes de vie qui défilent. Les klaxons, les vaches au milieu de la route, les temples, les couleurs, les gens. Et soudain, ça me frappe. Wahou. Je suis en Inde. Ce rêve que j’ai porté si longtemps, que j’ai mis de côté, repoussé, presque oublié… il est là. Réel. J’y suis. Et je me dis, tout simplement : La vie est belle quand on arrête d’avoir peur. Les rêves, en fait, ils attendent juste qu’on leur laisse de la place. J’ai le cœur qui bat plus vite. Une immense gratitude qui monte. Et cette certitude douce : j’ai bien fait de venir.

Sur la route vers Rishikesh

Le trajet se déroule sans encombre. Il faut bien trois heures et demie avant que la brume grise de la pollution se lève enfin. Et là, comme un petit miracle : le ciel bleu. Un bleu timide, un peu pâle, mais vrai. Je suis fascinée par tout ce que je vois à travers la vitre. Les vaches sur les routes, les enfants en uniforme qui marchent pieds nus, les femmes en saris aux couleurs éclatantes, les marchands, les temples, les affiches en hindi que je ne comprends pas. Et les klaxons… mon Dieu, les klaxons.Ici, c’est une langue à part entière. Ce n’est pas pour s’énerver, c’est pour dire : je suis là, je passe, attention, je tourne, je double. Ça klaxonne dans tous les sens mais étrangement, ça ne m’agace pas. Les conducteurs indiens ne roulent pas vite, et franchement, ça me rassure. En revanche, ils doublent de tous les côtés, sans logique apparente. À droite, à gauche, parfois en pleine côte, parfois dans les virages. Je préfère ne pas trop regarder. Je respire. Et puis les paysages changent. Les montagnes apparaissent doucement, les virages se font plus fréquents. La route est plutôt bonne ce qui me soulage, parce que j’ai toujours eu une petite peur des routes de montagne. Mais là, je suis trop occupée à observer. Des singes surgissent au bord des routes, curieux, presque familiers. Des cascades glissent entre les rochers, la végétation devient plus dense, plus verte. Et puis, enfin, Rishikesh. Nichée entre les collines, baignée par le Gange, cette ville a quelque chose de doux et vibrant à la fois. J’arrive fatiguée mais apaisée. Et je me dis, une fois encore : Je suis exactement là où je devais être.
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Ici, à Rishikesh, tout est… simple. Et c’est exactement ce dont j’avais besoin. La ville est douce, posée entre les collines. Rien d’agressif, rien de bruyant (ou du moins, moins qu’ailleurs en Inde). Je m’y sens en sécurité, même la nuit. Je sors seule après le dîner, je marche dans les ruelles, j’écoute les chants qui montent des temples au loin. Il n’y a pas de regard insistant, pas de tension. Les gens sont incroyablement accueillants, bienveillants, curieux sans être intrusifs. Je fais des rencontres inspirantes, de celles qui vous poussent à réfléchir, à grandir, sans forcer. C’est beau. C’est simple. C’est facile. Et la nourriture… ah, parlons-en ! Même quand on demande "not spicy", on sent quand même le feu des épices danser sur la langue . Mais on s’y fait, et finalement on en redemande presque.

Le départ… ou peut-être juste une pause

J’y ai passé un mois. Un mois à Rishikesh, à apprendre, à respirer, à observer, à me retrouver aussi. C’était fabuleux. Vraiment. Mais sur le chemin du retour, une pensée s’impose : J’ai vu si peu de ce pays immense. L’Inde est vaste, multiple, insaisissable. Je n’en ai touché qu’un minuscule fragment, une infime partie, presque un avant-goût. Et déjà, elle m’a bouleversée. Alors… qu’en est-il du reste ? À peine montée dans l’avion qui me ramène en France, je sens un manque. Pas une tristesse, non. Plutôt une soif nouvelle. Je sors mon téléphone. Je regarde mon agenda. Et je bloque les dates de mon prochain voyage. L’Inde, je reviendrai. L’année prochaine, c’est décidé.
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 Retour en Inde 1 an aprés : cette fois, je veux voir

Me voici de retour en Inde. Cette fois, je ne viens pas uniquement pour me poser : je veux voir, bouger, comprendre, m’imprégner. L’Inde est immense, et il faut faire des choix. Je dois retourner à Rishikesh, bien sûr, c’est devenu comme un point d’ancrage pour moi mais avant cela, j’ai envie d’en voir un peu plus. Mon choix s’est porté sur le Rajasthan et, évidemment, sur le Taj Mahal. Mon mari m’a posé une seule condition : un chauffeur privé. Et je le comprends. Lui ne connaît pas encore l’Inde, il s’inquiète, moi, un peu moins maintenant. C’est donc Jagjeet, mon chauffeur, qui m’attend à la sortie de l’aéroport. Direction Agra.

🌅 Agra et le choc du Rajasthan

Lors de mon premier voyage, j’ai bien compris une chose : la tenue vestimentaire, ici, ça compte. Pas que je m’habille autrement d’habitude : je suis toujours en sarouel et t-shirt. C’est un peu ma marque de fabrique. Simple, confortable. Mais ici, au Rajasthan, je sens que c’est plus sensible. Je croise très peu de femmes dans les rues. Jagjeet, mon chauffeur, me le dit avec bienveillance : "Ne sors pas la nuit." Ça tombe bien, je suis plutôt du genre couche-tôt. À Agra, les vendeurs sont omniprésents. Ils t’interpellent, te proposent mille choses : un bracelet, un guide, une photo, un tuk-tuk… Ce n’est pas agressif, mais c’est très très présent. Il faut apprendre à dire non avec le sourire. Et puis je découvre Jaipur, la ville rose. Un vrai bijou. Des palais, des marchés, des ruelles… c’est riche, coloré, vibrant. Je vis à fond. J’explore, je goûte à tout, même à la nourriture qui pique. Et je me régale.
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🕉️ Retour à Rishikesh, puis cap vers Goa

Après quelques jours intenses, me voilà de retour à Rishikesh. J’y retrouve ceux qui sont devenus mes amis, mes repères, mon petit monde indien. Et puis, d’un battement d’ailes ou plutôt d’avion je me retrouve à Goa. Et là… le dépaysement est total. Une autre Inde. Des palmiers, de grandes plages, une mer chaude, des cocotiers, une lumière différente. Une végétation nouvelle, une ambiance plus détendue, plus occidentalisée peut-être. Je ne porte mon maillot de bain que pour me baigner (et c’est bien suffisant).Pas que je pense qu’on doive cacher son corps , ni les dieux, ni l’univers ne jugent, j’en suis convaincue mais ici, les hommes, eux, regardent. Alors je m’adapte, toujours. Et je découvre aussi une chose drôle et touchante : En Inde, les gens adorent prendre des selfies avec les voyageurs. Ma couleur de cheveux intrigue. J’ai la moitié des cheveux blancs, et certains me demandent gentiment si je suis malade. Ils ne comprennent pas trop pourquoi je suis “si jeune” et déjà ainsi. Beaucoup me demandent une photo, parfois juste un sourire. Ça me fait sourire, justement. C’est inattendu. Et profondément humain.

✈️ À l’année prochaine

Et c’est ainsi que s’achève mon second voyage en Inde. Mais cette fois, j’ai un visa de 5 ans dans la poche. Alors à peine le pied dans l’avion, je me dis, avec une évidence tranquille :
"À l’année prochaine."
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Pour mon troisième voyage en Inde, je choisis de m’arrêter à Varanasi.

Ce n’est pas un hasard.

C’est un grand rêve, un appel que je porte en moi depuis longtemps.

Varanasi. Même le nom me bouleverse.

Anciennement Bénarès, ce mot résonne comme un poème ancien, comme un souvenir qui n’est pas encore vécu. Il porte quelque chose de sacré, de mystique, d’intemporel.

C’est fou, la puissance symbolique que l’on peut projeter sur une ville.

Avant même d’y poser le pied, j’en avais une vision pleine de passion : je l’imaginais baignée de lumière, vibrante de spiritualité, traversée par les chants, les mantras, les flammes, les regards.

Et cette fois, je suis prête.

Prête à la rencontrer pour de vrai, sans filtre, sans peur, sans attente figée.

Juste avec mon cœur grand ouvert.

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Varanasi est somptueuse. Merveilleuse. Rien à voir avec les récits sombres qu’on m’avait glissés dans l’oreille. Ici, je vois la lumière. Partout. Dans les regards, dans les ruelles, sur le Gange au lever du jour. Tout y est beau. Elle est exactement comme je l’imaginais, comme je l’espérais, comme je la rêvais : profondément spirituelle. Et chose précieuse pour moi, je m’y sens en sécurité. Alors, pour aller plus loin, je décide de prendre un guide. Pas un “tour opérateur” impersonnel, non. Un vrai guide, humain, avec qui je pourrais vraiment parler. C’est comme ça que je rencontre Gagan, un guide francophone absolument sensationnel. Il connaît sa ville par cœur, mais surtout, il la ressent. Il ne se contente pas de réciter une histoire, il transmet une énergie. Il parle du sacré avec humilité, du quotidien avec tendresse. Grâce à lui, je découvre les ghâts autrement. Je comprends mieux les rituels, les gestes, les silences. Je découvre aussi la vie à Varanasi, au-delà de la mort dont on parle tant. Car ici, la mort n’est pas triste. Elle est intégrée. Elle fait partie du souffle. Et moi, je me sens vivante. Étonnamment paisible.
Il me fait découvrir sa ville dans les moindres recoins. Grâce à lui, je plonge dans un Varanasi riche, vibrant, humain, bien au-delà de ce que j’imaginais. Je découvre une ville merveilleuse. Une lumière incroyable. Une spiritualité omniprésente qui me nourrit, m’élève. Bien sûr, on m’avait prévenue : « Tu verras, c’est sale… » Et oui, bien sûr, les ruelles sont étroites, parfois désordonnées. Mais Varanasi, c’est une ville vivante. Chaque matin, des personnes passent dans les ruelles avec une petite bouette pour ramasser les déchets. Les habitants déposent leurs sacs devant les maisons. Et entre ce moment-là et le passage de la collecte, les chiens, à la recherche de restes, déchirent les sacs. Ça donne une impression de désordre, c’est vrai. Mais tout cela est ramassé rapidement. Et franchement, je vous mets au défi de marcher dans Paris ou Marseille un jour de grève des éboueurs. La différence n’est pas si grande… sauf qu’ici, on pointe ça du doigt, là-bas, on l’accepte.
Quant à ce que j’ai entendu mille fois : « Tu vas voir des morts partout, c’est horrible. » Non. Bien sûr, j’ai visité le ghat des crémations. C’est un lieu puissant, émouvant, respectueux. Mais je n’ai vu aucun corps humain flottant dans le Gange, contrairement à ce que certains racontent. C’est interdit, c’est contrôlé. Oui, parfois un animal, un chien ou une vache, mais jamais un être humain. Il faut cesser de fantasmer sur la mort en Inde comme si elle était barbare. Ici, la mort est intégrée à la vie. Elle n’est pas cachée, elle n’est pas honteuse. Elle est acceptée, honorée. Et pour moi, c’est bouleversant de justesse. Aujourd’hui, je peux le dire : L’Inde fait partie de moi. Et j’ai la sensation profonde de faire partie d’elle. Chaque année, j’y retourne. Chaque voyage est plus profond, plus lumineux, plus intérieur. Et à vous, mesdames, je veux dire ceci : N’écoutez pas les peurs des autres. Écoutez votre appel. Tenez compte des précautions, bien sûr comme partout. Habillez-vous avec respect, évitez les sorties nocturnes si vous ne vous sentez pas en confiance. Mais osez. Parce que l’Inde, quand on la rencontre avec le cœur et l’âme ouverts, nous transforme. Et ce que vous y trouverez… …pourrait bien vous accompagner toute votre vie.

Namaste


 
 
 

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